Déposé le 22/05/2013 à 11h54
Témoignage d'un acte d'euthanasie décrit par le personnel de soin d'une maison de repos en Belgique
Agée de 89 ans, Madame Irène est arrivée dans la maison de repos où je travaille, maison qu'elle connaissait bien car son mari défunt y avait séjourné.
Dès son arrivée Madame Irène est saine d'esprit mais très difficile à satisfaire : elle rouspétait pour tout service qu'on lui rendait... jamais contente !
Elle nous parlait avec fierté de son passé : elle était belle, dirigeait son entreprise, avait de l'aisance financière.
Elle se plaignait souvent de son état physique qui se dégradait, elle qui fut active toute sa vie :"je me sens inutile dans ce monde, à quoi ça sert de continuer à vivre? " disait-elle.
Un jour, elle nous parle de l'euthanasie et nous dit en avoir parlé à son médecin.
Pour quelqu'un qui souffre d'une maladie chronique comme l'arthrose, ce fut un étonnement auprès du personnel : personne ne croyait que c'était sérieux !
Elle nous dit que son médecin lui a conseillé d'écrire à la commission d'euthanasie pour expliquer ses états d'âmes, ce qu'elle fit.
Un jour on a vu un médecin de la commission venir l'interroger et l'écouter.
Quand ce médecin est sorti de sa chambre, il a dit au personnel que Madame Irène était déterminée, que son cas est recevable et qu'un deuxième médecin passera encore confirmer les intentions de Madame Irène.
Tout le personnel était sous le choc. Quelque semaines plus tard le deuxième médecin est passé et nous a dit que Madame Irène était prête et qu'ensemble ils ont fixé la date du départ.
Le personnel était révolté et a écrit à la direction pour dire qu'il n'était pas d'accord sur tous les points que Madame Irène avait avancés pour demander son euthanasie.
Elle avait mis parmi les motifs que les soins médiocres donnés par certains membres du personnel étaient aussi à la base de sa décision !
Parmi nous, il y avait des croyants qui ont essayé de la faire changer d'avis mais elle évitait la conversation et disait avec force que sa décision était prise.
La veille de sa mort, au soir, Madame Irène a beaucoup pleuré dans les bras d'un membre du personnel, qui la suppliait de faire marche arrière et qu'il n'était pas trop tard, mais elle a refusé.
Le lendemain à 14 heures en présence de sa famille, d'un médecin venant de l'extérieur, après avoir pris un "verre d'adieu", son médecin a fait la piqûre.