Déposé le 10/04/2014 à 19h22 Pente Glissante
Par Margareth Sommerville, dans le Calgary Hérald, le 3 mars 2014. Margareth Sommerville est la fondatrice et directrice du Centre McGill pour la Médecine, l'Ethique et le Droit de l'Université McGill à Montréal
Les promoteurs de l'euthanasie soutiennent que l'euthanasie, si elle est légalisée, serait réservée aux seules personnes en fin de vie et limitée à des cas exceptionnels, lorsque la souffrance serait impossible à soulager.
Margareth Sommerville soutient quant à elle que le phénomène de pente glissante est impossible à prévenir et inévitable dès lors que l'interdit de tuer est levé. En effet, la légalisation de l'euthanasie repose sur deux fondements. Le premier est l'autonomie de l'individu, le second le soulagement de la souffrance. L'auteur remarque que dès lors qu'une certaine banalisation s'installe, en raison d'une familiarité avec le fait de donner la mort, ces deux critères sont inévitablement pris séparément. D'une part l'euthanasie sera réclamée uniquement en vue de soulager la souffrance, même si la personne n'est pas capable de donner son consentement (nouveau-nés handicapés, personnes démentes, enfants). D'autre part, le respect de l'autonomie de la personne, considérée comme propriétaire de sa vie, justifiera des euthanasies sans qu'il soit nécessaire de justifier d'une souffrance (personnes fatiguées de la vie,...).
La pente glissante peut être double, la première est « logique », et consiste en une extension continue des groupes de personnes ayant accès à l'euthanasie, la seconde est « pratique », et consiste en des pratiques abusives sur des personnes non consentantes et le non respect des conditions.
Il est dès lors impératif de maintenir l'interdit de donner la mort intentionnellement.