Déposé le 08/10/2013 à 13h09
On ne peut pas rester sourd à l'immense besoin de présence que désire et souhaite un enfant (et un adulte, je crois) atteint d'une maladie grave. Quand j'étais enseignante, j'ai eu la grande chance d'avoir parmi mes élèves une jeune-fille.
Elle aurait aujourd'hui 30 ans. Elle est décédée des suites d'un cancer après environ 3 an, à l'âge de 15 ans. Jamais, jamais cette jeune-fille avec qui je me suis liée d'amitié, n'a pensé à autre chose que de se battre pour VIVRE. Et qu'est-ce qu'elle a vécu! Comme elle rayonnait! Comme elle nous a tous "enseigné" à un peu mieux VIVRE. Et sa mort, extrêmement révoltante, l'aurait été infiniment plus si elle avait demandé l'euthanasie et qu'elle l'aurait obtenue.
Pourquoi aurait-elle pu demander l'euthanasie ?
Pour soulager son mal ? Soulage-t-on le mal par le mal ? La tendresse, la présence jusqu'au bout, les anti-douleurs extrêmement performants ne sont-ils pas aux yeux des enfants (et je crois de tous) la meilleure réponse au mal ?
Pour arrêter d'être un poids pour ses parents qui n'ont cessé de courir les hôpitaux? Serait-ce vraiment juste et normal dans une société démocratique riche que nous devions nous sentir un poids dès qu'on est' improductif '? La vie peut-elle se résumer à ce que chaque être humain devienne un être productif et surtout sans faiblesse, sans fragilité, sans maladie, un être productif parfait?
Je me demande si un être productif parfait a un coeur ? Un vrai coeur qui entende battre le coeur de l'autre et ce que ce coeur dit vraiment à travers son cri de souffrance...
Un fois euthanasié, c'est vrai, le coeur ne bat plus, ne crie plus...