Déposé le 20/09/2017 à 17h11 Déclarations d'instances officielles
Le 20 September 2017
Le débat sur l'euthanasie dans l'organisation des Frères de la Charité en Belgique nous cause de graves préoccupations depuis un certain temps. C'est ainsi que j'ai appris avec honte , le mardi 12 septembre, le verdict final selon lequel l'organisation a décidé de maintenir son texte d'orientation et de permettre ainsi la pratique de l'euthanasie chez les patients psychiatriques dans certaines conditions au sein de ses et nos établissements. J'étais encore plus surpris de lire qu'ils ont considéré leur décision en conformité même avec la doctrine catholique et l'ont décrite comme une sorte d'assistance miséricordieuse.
En tant que congrégation internationale, est-il encore possible d'avoir la même vision et la même pratique dans notre assistance dans les différentes régions du monde ? C'est une question que nous nous sommes souvent posée au cours de la période écoulée et que nous avons également entendue plusieurs fois. Ne nous faudrait-il pas plutôt tenir compte des différentes cultures dans lesquelles nous sommes actifs et nous adapter aux différentes sensibilités présentes ? Ceci est sans aucun doute vrai pour divers aspects de l'assistance : les soins aux patients psychiatriques mettront en Afrique effectivement d'autres accents qu'en Europe, en Amérique et en Asie. Je parle par expérience d'après mes visites aux différentes initiatives de soins et d'éducation de la Congrégation dans le monde entier. Non, les chocs dits culturels, je n'en ai plus entre-temps, et je m'adapte autant que possible à ces différentes cultures, où je vis dans cette riche variété. Au moment où j'écris cette phrase, je suis au Congo. Vous pouvez peut-être vous imaginer ce que cela veut dire.
Si, à la lumière de cela, la question se pose de savoir s'il ne devrait pas être possible de mener et d'élaborer une politique liée à la culture dans la Congrégation sur la possibilité de pratiquer oui ou non l'euthanasie chez les patients psychiatriques en phase non terminale qui sont dans une situation soi-disant sans issue, nous devons nous demander de quoi il s'agit au fond et dans quelle mesure cela peut être considéré comme purement culturel.
Tout d'abord, il s'agit de la vision de savoir s'il faut respecter la vie de façon absolue ou non. Partant du charisme des Frères de la Charité et totalement conforme à la vision de l'Église catholique, nous déclarons effectivement que le respect de la vie est absolu et qu'il précède et surpasse les autres valeurs fondamentales.
Certains appellent cette vision un modèle déontologique démodé et sclérosé, qui serait partagé seulement encore par des milieux ecclésiastiques et qui serait en contradiction flagrante avec une morale plus situationnelle. Dans la vision que l'organisation en Belgique a développée et qu'elle désigne en plus expressément – à mon étonnement – comme « catholique », il est écrit que cette inviolabilité de la vie n'est plus absolue, bien que fondamentale encore – même plus fondamentale que
l'autonomie du patient et la relation de soins – mais qui en fin de compte, dans des circonstances exceptionnelles, peut être subordonnée à l'autodétermination du patient. Donc, l'autodétermination en tant que valeur obtient dans les faits une appréciation plus élevée que l'inviolabilité de la personne.
Et cela est bien sûr la tendance que nous connaissons actuellement dans (Lire la suite)
Fr. René Stockman, Supérieur général des Frères de la Charité