Déposé le 22/05/2013 à 11h52
Tel Sénèque, Christian de Duve a choisi de quitter la vie au moment choisi par lui – afin de partir en pleine conscience. Acteur de sa vie jusqu'au dernier souffle.
La culture chrétienne sans la foi, engendre un retour au stoïcisme. Une vertu lucide et sans autre espérance que la satisfaction d'avoir « bien vécu ». Comment ne pas respecter cela?
Cependant, le respect n'empêche pas les commentaires.
Je constate tout d'abord que la remarque que je faisais à l'époque du débat sur la loi belge dépénalisant l'euthanasie, se vérifie : il ne s'agit pas tant d'un débat sur la fin de vie de personnes qui agonisent. La question de savoir si, en soulageant les souffrances un peu plus, on écourterait une vie de quelques jours, pouvait être laissée entre les mains des médecins.
Non, cette loi ouvre – sans oser le dire – le débat sur le suicide médicalement assisté. Christian de Duve n'était pas agonisant ou aux prises à des douleurs insoutenables. (Le 16 mars, il était en pleine possession de ses moyens et remarquablement alerte pour un homme de cet âge). Souffrant d'une maladie incurable, il était fatigué de vivre dans cet état et ne voulait pas connaître la déchéance. Sans doute aussi, ce veuf récent souffrait-il de l'absence de son épouse tant aimée. Il a donc choisi de mourir. Je ne puis que respecter sa décision.
Mais n'ayons pas peur des mots : cela s'appelle un suicide médicalement assisté.
Si telle est la société voulue par une majorité de nos concitoyens, qui suis-je pour m'y opposer ? Il n'empêche – cela me donne froid dans le dos.
Une visiteuse de malades et mourants, me lança: « Quel terrible exemple pour les vieux! » Surpris par la virulence de cette personne, d'habitude plus modérée que moi, je lui demandai ses raisons: « Je crains que nombre d'aînés qui se battent pour vivre, se sentiront désormais encouragés à mourir ». Vaste débat.
Extrait de l'article paru sur le Blog de l'auteur avec son autorisation.