Déposé le 15/01/2014 à 18h36
Le 12 décembre dernier, le Sénat a approuvé l'extension de l'euthanasie aux mineurs. Bien sûr, il reste encore à la faire repasser devant la Chambre, puis à la faire sanctionner et promulguer par le Roi, mais on imagine mal le Souverain choisir ce moment - son règne à peine commencé - pour suivre l'exemple du Roi Baudouin et refuser de signer la loi.
Encore quelques formalités législatives à subir, donc, et il sera bientôt légal d'euthanasier des enfants.
Cette avancée sociétale s'est faite en douceur, dans le consensus, presque sur la pointe des pieds, au terme de débats bien policés bien civils, sans insultes, sans manifestations, sans « débats de société ». Comme se tuent à nous le répéter les médias et le monde politique, ceci n'est pas un sujet de société. Pas question d'y perdre trop de temps, les élections de 2014 approchent à grand pas, il est temps de s'y préparer. C'est ainsi qu'on a vu les sénateurs d'un parti anciennement chrétien-démocrate expliquer dans des termes très choisis très prudents très cauteleux que, certes, personnellement ils n'étaient pas exagérément enthousiastes à l'idée d'étendre l'euthanasie aux mineurs, et qu'en conséquence ils s'y opposeraient, mais que leur "loyauté au gouvernement et à la majorité" restait inébranlable, apparemment inconscients du fait que, pour un élu chrétien-démocrate (ou même seulement humaniste, quoi que cela puisse bien signifier), l'extension de l'euthanasie aux mineurs devrait précisément être le genre d'affaire sur laquelle on fait tomber un gouvernement.
On ne s'attardera pas sur ce que cette attitude enseigne de l'échelle de valeurs de ces sénateurs et de leur parti, ni sur ce que cela révèle de l'horizon terriblement étriqué de nos parlementaires, pour lesquels "s'opposer" ne signifie apparemment pas grand-chose de plus que d'appuyer sur un bouton de leur tableau de vote au lieu d'un autre.
On ne s'attardera pas d'avantage sur ce qu'il y a de comique dans cette particulière obsession du sénateur Mahoux à voir son nom accolé à des lois qui, qu'on les approuve ou non, qu'on les juge nécessaires ou pas, ont après tout pour effet de mettre des gens à mort. On ne s'étendra pas sur les failles évidentes du processus législatif, mené dans la plus grande hâte et sans trop s'embarrasser de réflexion, ni sur l'hypocrisie grossière de ces auditions auxquelles ne sont conviés que des intervenants qui disent ce que la majorité veut entendre.