Déposé le 13/04/2015 à 15h51 Réflexions de soignants
"Nous avons réalisé ce court-métrage dans le cadre d'un travail de groupe sur les maladies chroniques, explique Fabien Rougié. Les formateurs souhaitaient que l'on aborde la maladie sous une forme « ludique », en présentant néanmoins quelques caractéristiques précises (prévalence, risques, prises en charge...). Nous avons choisi, Lucile et moi, de nous intéresser à la maladie d'Alzheimer et de la montrer sous la forme la plus empathique possible, poétique même. Notre idée : employer une métaphore personnifiée par Angèle, l'épouse du malade d'Alzheimer. Angèle tire le patient hors de chez lui et lui fait revivre les souvenirs de sa vie passée. Bien sûr, ce sujet n'a pas vocation d'être une véritable mine d'informations, néanmoins nous l'avons voulu touchant afin de mieux sensibiliser le public - en l'occurrence nos collègues et nos formateurs dans un premier temps... - sur la posture que l'on peut adopter par rapport au patient souffrant de la maladie d'Alzheimer. Ce travail a été primé dans le cadre du 1er Festival vidéo (sur le sujet de la maladie chronique) organisé par l'Ifsi Le Vinatier.
Si Alzheimer avait raison de moi un jour, il ne me rendrait jamais plus fou qu'Angèle...
Le résultat est de notre point de vue assez bluffant. Après les deux premières minutes d' introduction très classique, dans une approche informative de la maladie, soutenue par des images explicites d'oublis, d'incohérences de gestes dans la vie quotidienne, les deux vidéastes se lancent dans une course folle, celle des souvenirs...
Le narrateur - le patient - nous raconte, nous parle de sa vie passée. La page est blanche, il nous invite à l'écrire avec lui... Papy Léon perd la boule... mais pas tant que ça. Ce n'est pas moi qui perds les pédales... c'est le présent qui dérape ; J'ai oublié qu'Angèle, ma femme, était partie... Commence alors une nouvelle narration avec Angèle qui mène la danse, la danse de la vie passée, la danse des souvenirs... C'est joli, gai, sensible... en noir et blanc et en musique, ponctué d'un monologue tout en délicatesse : On a traversé des rivières de doutes par dessus des ponts de certitudes, ceux qui savent vivre leurs souvenirs savent rester jeunes pour toujours, si c'est ça être fou, si c'est ça être malade, alors laissez moi perdre les pédales, n'essayez pas de me remettre la réalité en face... A 6 minutes, petit retour à la réalité pédagogique de la maladie avant que la course recommence une minute trente après : Si Alzheimer auvait raison de moi un jour, il ne me rendrait jamais plus fou qu'Angèle.
Le sujet se termine et nous entraîne en forêt sur l'air des Feuilles mortes... la course aux souvenirs a bien eu lieu ; une magnifique course où comme dirait Le Petit Prince, on ne voit bien qu'avec le coeur. Du coeur, Fabien et Lucile n'en manquent pas. Surtout qu'ils continuent à l'exprimer de cette façon, qu'ils ne changent rien à leur manière de voir, de dire et de ressentir et les soins infirmiers qu'ils sont amenés à dispenser en seront grandement enrichis...
Visionnez le court-métrage « La course aux souvenirs »